Science économique
Notions du référentiel : budgétaire, prix relatif
Utilité,
contrainte
1. Les grandes questions que se posent les économistes
Fiche 1.1. : Dans un monde aux ressources limitées, comment faire des choix ?
I.
Pourquoi faire des choix? A. La contradiction entre besoins et ressources
Les êtres humains sont confrontés à un paradoxe : d’un côté leurs besoins sont illimités, alors que les ressources pour satisfaire ces besoins sont limitées.
1. Des besoins illimités Pour vivre, l’homme doit satisfaire un certain nombre de besoins. Traditionnellement, on distingue deux grands types de besoins :
Les besoins primaires : leur satisfaction est considérée comme nécessaire à la survie. Ce sont les besoins physiologiques : ils doivent être couverts pour assurer la vie de l’organisme. Les besoins secondaires : leur satisfaction serait moins essentielle. Cela concerne donc tous les besoins autres que physiologiques : le sentiment de sécurité, l’affection, la culture, …
Quand on opère cette distinction entre besoins primaires et secondaires, on fait donc l’hypothèse que certains besoins sont plus importants que d’autres et que les besoins peuvent être limités.
Or les besoins dépendent des sociétés et de l’époque: savoir lire et écrire est un privilège dans les sociétés peu développées, mais c’est une exigence dans les sociétés modernes. les besoins ne sont donc pas les mêmes dans toutes les sociétés : plus les sociétés sont riches, plus les besoins se multiplient. Le progrès en engendre de nouveaux, qui à leur tour, en suscitent d’autres. Les besoins sont donc illimités.
2. Face à des ressources limitées Pour répondre à ces besoins, les hommes vont utiliser des ressources qui sont appelées biens : tout ce qui est utile et apte à satisfaire des besoins humains. On distingue deux grands types de biens : Quantité Nécessité production Prix Exemples
d’une
Bien libre Illimitée Non : existe à l’état naturel et en abondance Pas de prix : gratuit Air
Bien économique limitée Oui : le travail est indispensable car n’existe pas à l’état naturel et/ou est en quantité limitée Prix Voiture, pain, loisirs
Les biens économiques existent donc en quantité limitée, puisqu’ils nécessitent du travail pour les produire. Or le travail humain est limité par :
Le nombre d’êtres humains sur la planète Le nombre d’heures que chacun peut travailler par jour
B. Crée la rareté Comme les besoins sont illimités et les ressources limitées, un phénomène de rareté apparaît. Le concept de rareté a, en économie, deux sens complémentaires : Une quantité insuffisante de biens pour la satisfaction des besoins humains Comme la quantité est insuffisante, le bien est peu fréquent, donc précieux. Il a donc de la valeur.
Les deux aspects de la définition de la rareté expliquent que les individus doivent faire des choix : quand la quantité disponible n'est pas suffisante pour satisfaire tous les usages productifs, il faut opérer une sélection entre les activités productives. Toutes les productions ne sont donc pas possibles de manière simultanée un prix élevé limite la consommation
C. L’économie, la science des ressources rares La rareté est alors le champ d’études de l’économie, comme le démontrent ces définitions de deux économistes français : Edmond Malinvaud : « L’économie est la science qui étudie comment des ressources rares sont employées pour la satisfaction des besoins des hommes vivant en société ; elle s’intéresse d’une part aux opérations essentielles que sont la production, la distribution et la consommation des biens, et d’autre part aux institutions et activités ayant pour objet de faciliter ces opérations » Raymond Barre : « La science économique est la science de l'administration des ressources rares. Elle étudie les formes que prend le comportement humain dans l'aménagement de ces ressources ; elle analyse et explique les modalités selon lesquelles un individu ou une société affecte des moyens limités à la satisfaction de besoins nombreux et illimités. » Ces deux définitions mettent bien en évidence ce qu’étudie l’économie : comment les hommes utilisent-ils des ressources rares pour satisfaire leurs besoins ? Pour lutter contre la rareté, les hommes sont donc obligés de produire et d’innover pour lutter contre les goulets d’étranglement.
II.
Comment faire des choix ?
L’économie va donc s’intéresser à la manière dont les hommes font face à cette rareté.
A. La démarche de l’économiste
Les économistes élaborent des hypothèses sur le comportement humain. Ils construisent un individu de référence:
l’ homo oeconomicus qui présente deux caractéristiques essentielles : l’individu est égoïste : Il recherche sa satisfaction personnelle et il est le seul à connaître ce qui est bon pour lui. Il n’y a ici aucune connotation morale, l’individu peut chercher un plaisir personnel qui est contraire aux valeurs et aux normes de la société. Il est rationnel : Il détermine des buts à atteindre et il va mettre en oeuvre des moyens pour atteindre les objectifs. L’individu va donc être capable d’opérer une maximisation sous contraintes : il va utiliser au mieux les ressources dont il dispose compte tenu des contraintes qu’il subit, afin d’assurer un bien-être maximum
Comme les individus sont rationnels, leurs actions n’ont qu’un seul but : accroître leur bien-être et leur satisfaction.
B. Comment mesurer la satisfaction ? 1. Définition La satisfaction globale que l’individu retire de la consommation d’un bien s’appelle l’utilité totale .
Il existe deux approches de la mesure de l’utilité : L’utilité cardinale : l’utilité correspond à une mesure quantitative de la satisfaction retirée de la consommation de biens. On peut donner une valeur chiffrée à la satisfaction de la consommation d’un bien. Utilité ordinale : Il n’y a pas de valeur chiffrée. On effectue juste des comparaisons entre les utilités de différents biens
2. L’utilité est variable L’utilité d’un bien n’est pas invariante. Le même bien n’apportera pas la même satisfaction selon :
les goûts des individus : l’utilité dépend des préférences individuelles des consommateurs : ce qui peut apporter beaucoup de satisfaction à l’un n’apportera aucun bien-être à un autre. L’utilité est donc subjective.
le contexte : c’est le paradoxe de l’eau et du diamant. Si l’individu se trouve à côté d’une source, il préférera le diamant. En revanche, dans le désert, un verre d’eau donnera plus de satisfaction qu’un diamant. La quantité consommée : Les économistes postulent que : - plus la quantité consommée augmente, plus la satisfaction augmente. L’utilité totale est donc une fonction croissante de la quantité consommée. - En revanche, plus la quantité consommée augmente, moins le sentiment de satisfaction augmente. L’utilité totale certes augmente, mais de moins en moins vite. Cela s’explique par un sentiment de saturation. C’est pour cela qu’est introduite la notion d’utilité marginale : c’est la satisfaction qu'un agent économique retire de l'utilisation d'une quantité supplémentaire d'un bien ou d'un service. C’est donc l'utilité procurée par l'utilisation de la dernière unité d'un bien ou d'un service. L’utilité marginale est donc
-
décroissante avec la quantité consommée. Ainsi, quand la quantité consommée d’un bien augmente, l’utilité totale augmente, mais l’utilité marginale diminue. L’utilité totale ne diminue qu’au point de satiété : au-delà, la consommation d’une unité supplémentaire diminue le bien-être. C’est le cas par exemple d’un excès de consommation de chocolat qui rend malade.
Cependant, certains postes de consommation ne vérifient pas la loi de l’utilité marginale décroissante : les biens qui engendrent une dépendance : alcool, drogues, collections. C’est la dernière unité consommée qui apporte le plus de satisfaction - les biens qui doivent être utilisée de manière simultanée : Rothbard cite le cuisinier pour qui le quatrième des quatre oeufs requis par une recette est celui dont l'acquisition procure le plus de satisfaction . Avec seulement 3 œufs , il ne peut faire sa recette. C’est le quatrième qui lui permet de l’éléborer. -
C. Un choix sous contraintes Les consommateurs opèrent donc leur choix en combinant deux variables : Leurs préférences individuelles qui déterminent l’utilité La rareté des ressources : pour un consommateur, sa ressource est son budget qui dépend de son revenu. Or, ce budget étant limité, c’est une contrainte qui conduit le consommateur à faire des choix ; le consommateur ne peut pas dépenser plus que son revenu. C’est la contrainte budgétaire.
Les économistes néo-classiques vont proposer un modèle expliquant les choix du consommateur en mettant en œuvre des hypothèses simplificatrices : le consommateur dépense l’intégralité de son revenu : R ; il n’épargne pas. Il a le choix entre deux biens : le bien A dont le prix est Pa et le bien B dont le prix est Pb
On peut alors modéliser la contrainte budgétaire du consommateur Soit de manière algébrique : R = Pa.Qa + Pb.Qb , où Qa et Qb sont respectivement les quantités consommées du bien A et du bien B Soit de manière graphique : Bien A Quantité maximale de bien A que l’agent peut consommer
Tout point dans cette zone est financièrement possible, mais le budget n’est pas dépensé dans la totalité
Droite de budget ou contrainte budgétaire. Tout point en –dessus est financièrement impossible
Quantité maximale de bien B que l’agent peut consommer
Bien B
La droite représente toutes les combinaisons de bien A et de bien B possibles financièrement. Chaque fois qu’il souhaite consommer une unité de plus de bien A, il doit renoncer à une ou plusieurs unités de bien B. C’est le coût d’opportunité : c’est le coût du renoncement à une consommation qui résulte du choix dans un monde où les ressources sont rares. Le consommateur choisira la combinaison de bien A et de bien B qui lui apporte le maximum de
satisfaction. Celle-ci dépend de ses préférences individuelles. La position de la droite de budget dépend : Du revenu Du prix relatifs entre le bien A et le bien B : rapport entre le prix du bien A et celui du bien B. Si une baguette vaut 1 euro et un pain de campagne 3 euros, le pain de campagne vaut 3 baguettes. Si le revenu augmente ou (baisse), alors que les prix relatifs ne changent pas , la droite de budget va se déplacer vers la droite ( vers la gauche) Bien A Hausse du revenu.
Baisse du revenu
Bien B Dans ce cas, la droite de revenu se déplace parallèlement à l’ancienne, la quantité consommée des deux biens augmente Si les prix relatifs changent, cela veut dire que le prix d’un bien varie davantage que le prix de l’autre, la pente de la courbe change. Bien A Dans ce cas, le prix du bien A a augmenté (baissé) plus (moins) vite que le prix du bien B ; les prix relatifs changent donc, ce qui modifie les quantités consommées de biens A et B. Le coût d’opportunité change : le bien B est relativement moins coûteux Droite de budget finale par rapport au bien A, le consommateur achète donc plus de bien B. droite de budget initiale Bien B